Article publié par Benoit Degiovani dans le Huffington Post
On assiste depuis quelques années à l’émergence de programmes de libération de données publiques par les collectivités locales. L’open data consiste pour une administration à mettre à disposition de tous, généralement sur un site internet dédié, des données brutes telles que la liste des associations qu’elle subventionne, les prénoms des enfants nés dans l’année, les chiffres détaillés de la délinquance ou encore les catalogues des ouvrages de ses bibliothèques. La libération de données publiques est un enjeu majeur à la fois d un point de vue démocratique et dans une optique économique.
Sur le plan de la démocratie, les données libérables existent dans les collectivités et sont utilisées quotidiennement par les administrations. Ce que l’argent public a financé appartient à tous (sauf données personnelles ou confidentielles). Par conséquent, ces données doivent être mises à disposition du public. La libération de données permet également d’impliquer les habitants dans la vie démocratique locale en introduisant une plus grande transparence et en leur donnant les clés pour s’intéresser à des problématiques jusqu’ici réservées à la confidentialité des ingénieurs de travaux publics ou des hauts-fonctionnaires. C’est aussi faire oeuvre de pédagogie que de proposer aux citoyens d’accéder plus facilement au budget de leur commune ou de leur pays, ou encore aux effectifs de la fonction publique par exemple.
D’un point de vue économique, la libération de données publiques favorise la recherche, l’innovation et crée de la richesse.
Les données diffusées sous un format brut sont utilisées par les scientifiques pour affiner leurs travaux ou découvrir de nouveaux terrains d expérimentation. C’est donc un véritable encouragement à la recherche et à l’innovation pour un investissement très faible de la collectivité.
De leur côté, les développeurs se servent de ces fichiers pour créer des services innovants. Par exemple, des applications ont été développées pour permettre de trouver la pharmacie ou la boîte aux lettres la plus proche. Mais il existe aussi des applications beaucoup plus complexes qui utilisent des données publiques en temps réel : nombre de places de vélo en libre services disponible à une station, information sur la qualité de l’air ou encore position instantanée des métros ou des bus.
Toutes ces applications, certaines gratuites, d’autres payantes, améliorent non seulement le quotidien des citoyens mais participent à créer de la croissance. La commission de Bruxelles, qui encourage massivement à la libération de donnés, évalue le marché de réutilisation des données publiques à 27 milliards d’euros par an dans l’Union Européenne.
En France, c’est la ville de Rennes qui a initié le mouvement en octobre 2010 en lançant sa plate-forme open data. Quelques autres grandes collectivités comme Paris ou la métropole de Nantes ont emboité le pas en libérant à leur tour des jeux de données publiques. Plus récemment, l’État, avec le portail data.gouv.fr, a commencé à diffuser des ressources jusqu’à présent gardées confidentielles ou disséminées dans de nombreux sites internet gouvernementaux, ce qui en rendait la lecture difficile. Mais ce n’est qu’un début timide. Les lâchers de données publiques demeurent trop rares. Nombre de grandes collectivités, régions, villes de premier plan etc. n’ont pas encore diffusé la moindre donnée. Il est donc souhaitable que la France rejoigne ce mouvement massivement et sans plus attendre !